A l’heure ou de grandes discussions s’ouvrent sur l’intérêt des farines d’insectes, une réflexion sur nos modes d'alimentation s'impose. Les céréales qui ont été dévalorisées pour des raisons de culture et les problèmes de santé qui en ont découlé, méritent pourtant un retour de premier plan sur nos tables.
Déjà pour les raisons simples qu’elles fournissent 50% des calories consommées quotidiennement par l’humanité ! Et que de toutes les familles d’aliments elles sont les plus équilibrées et adaptées aux humains. De plus elles possèdent de précieuses propriétés médicinales adaptées à des maladies modernes.
Aujourd'hui, je vous propose un texte sur le « maïs » tiré du livret n°12 de la collection l’Herboristerie pas à pas, la céréale une panacée universelle.
Le maïs(Zea mais L.)
Malgré tous ses noms vernaculaires : blé de Turquie, blé de Barbarie, blé de Guinée, blé d’Espagne, blé d’Inde, blé d’Égypte… le maïs est originaire d’Amérique du Sud !
Le nom de blé de Turquie provient de l'erreur faite par un botaniste flamand de la Renaissance nommé Ruellius, qui, dans son traité « De Natura Stirpium », le signale comme étant originaire de Turquie ou des Indes.
Le maïs est une grande plante herbacée, issue de la « téosinte », une graminée sauvage qui est née d’il y a 9000 ans par double hybridation. Originaire d'Amérique tropicale, le maïs est aujourd’hui la première céréale mondiale (et la deuxième plante alimentaire, après la canne à sucre, une autre poacée).
On le cultive dans le monde entier, sous des climats chauds ou tempérés, pour l'alimentation de l'homme et du bétail. Il est l'aliment de base depuis près de 5000 ans de 4 anciens peuples d’Amérique : les Aztèques qui lui vouaient un culte au travers d’une déesse, les Mayas, les Chibchas et les Incas.
Le maïs a substitué partiellement, et dans certaines régions totalement, le mil et le millet en Afrique.
Le maïs est à l’Amérique ce que le riz est à l’Asie.
La première trace écrite de cette céréale « mahiz » remonte à Christophe Colomb (1492) où dans un passage de « la Vie de Colomb », narré par son fils, « lorsqu’il découvre de grandes terres cultivées avec des racines, une sorte de fève, et une espèce de blé appelé maize qui était savoureux, cuit au four ou bien séché et réduit en farine ». Au commencement du XVIe siècle, le maïs et le cacao étaient les principaux objets du commerce d’échange et le constituaient tout entier, nous dit P. Pizzaro (1529) d’après Harshberger. C’est seulement sur les hauts plateaux du Pérou que la pomme de terre et le quinoa remplacent le maïs.
« corn » ainsi nommé par les Américains pour indiquer que c’est bien la plante du pays. Le maïs cherche à s’étendre partout où il le peut, et pas seulement en Amérique ; un été chaud et des pluies abondantes lui sont recommandés ; encore une céréale qui aime les sols calcaires. Le maïs n’est arrivé sur notre continent qu’en 1498, année où, pour la première fois, des épis ont été débarqués dans les ports andalous. Sous nos latitudes, au-dessus de Dijon, la culture du maïs sert de fourrage et d’ensilage (le maïs n’a pas besoin d’atteindre une pleine maturité).
Il est curieux que cette céréale se répandit un maximum sur tous les continents où elle pouvait y être cultivée. Une expansion qui alla dans toute l’Afrique, liée au recul du sorgho ; en Occident, et notamment en Italie, pays emblématique de la polenta, qui vit reculer la culture du riz et du millet. Dans les pays septentrionaux, l’avoine et l’orge résistèrent jusque dans les années 1965-1970.
Les européens doivent souvent leur survie alimentaire au maïs. Lui-même permit la colonisation de l’Amérique, et pour les américains et les nouveaux émigrés, les concepts - avenir et honneur du pays - s’apparentent étroitement à la culture du maïs et sont reconnaissants de sa facilité de culture et de récolte. Depuis 1933, le maïs fait l’objet d’hybridations (croisement de deux lignées parentales « pures ») qui permettent un rendement accru de la céréale ; l’inconvénient suit l’avantage, et semer avec les grains récoltés sur un maïs hybride est médiocre en raison de l’instabilité des gènes de la deuxième génération.
Outre le grain, on utilise comme avec beaucoup de poacées, d’autres parties de la plante, ici les styles ou stigmates « cheveux ou barbes de maïs », qui se récoltent quand les épis sont mûrs. Séchés, ils s’emploient en décoction, en teinture mère ou encore en gélules.
À partir du suc des tiges, le maïs servait à fournir un sucre et une boisson fermentée dans l’ancien Mexique. Ce qui le rapproche de la canne à sucre et montre que ces 2 céréales, parmi les plus grandes en taille, cumulent plus facilement des sucres liquides grâce à une synthèse d’eau (humidité due à la chaleur, elle aussi tropicale !), ainsi la fabrique d’une réserve sous forme d’amidon s’en trouve lésée et beaucoup plus faible dans les fruits (graines).
L’histoire nous apprend que le maïs va se trouver sous trois formes : torréfié, bouilli et en galette.
Sa tige robuste porte de larges feuilles engainantes et des fleurs de sexes séparés sur le même pied. Les fleurs mâles terminent les tiges, tandis que les fleurs femelles se groupent à l'aisselle des feuilles en gros épis allongés sur le bas de la tige. Ces derniers présentent de curieux filaments longs de 15 à 20 cm, les stigmates des fleurs, dépassant les bractées qui leur permettent de recueillir le pollen qui passe dans l’air. C’est la plus yin (dilatée) des céréales. Et c’est aussi une des plus transformées.
Les stigmates renferment des flavonoïdes, des alcaloïdes, des saponosides, une essence aromatique, du mucilage et des sels minéraux, en particulier du potassium et du vanadium.
Le grain est riche en glucides (et a un IG de 59), contient vitamines A, B15, C et K. On y a trouvé mélatonine, quercétine, sorbitol, allantoïne, saponine. Il contient une anti-thiamine (anti-vitamine B3), très peu de tryptophane et il est carencé en lysine. Son germe contient une huile grasse composée principalement d'acides linoléique, oléique, palmitique ainsi de vitamine A. Seul le maïs jaune contient du β-carotène.
Le stigmate (style) est diurétique et sédatif des voies urinaires, employé contre les calculs urinaires, les rhumatismes et la goutte. Il est hypolipémiant et vasodilatateur (donc indiqué dans les artérites), hypoglycémiant, cholagogue et contient de l’acide salicylique qui lui donne une activité analgésique.
Les stigmates de maïs ont une action diurétique incontestable. Grâce à leur importante teneur en potassium, ils augmentent remarquablement le volume des urines, ce qui les rend précieux dans toutes les maladies où ce but est recherché comme pour les calculs, la goutte, les coliques néphrétiques, la cystite et les affections inflammatoires aiguës ou chroniques de la vessie, et exercent en même temps une sédation.
Après une longue conservation, les styles de maïs deviennent laxatifs, et restent indiqués en cas d’œdème, de cholestérol et de diabète.
En gemmothérapie, les radicelles de maïs ont la propriété d’être anti-inflammatoires vasculaires. Avec le seigle, ce sont les 2 seules céréales employées en gemmothérapie. Les autres céréales demanderaient à être étudiées dans cette discipline.
C’est une plante que j’indique dans la parodontose, le déchaussement des dents où les stigmates vont raffermir les gencives. Le grain, de même que son alignement sur l’épi, sont des « signatures vérifiées » ; l’expérience a montré son efficacité pour cette affection.L’insaponifiable de l’huile de maïs est proposé aujourd’hui pour le traitement des parodontopathies.
On peut l’utiliser comme suit : 1 c. à s. de stigmates pour 1 bol d’eau ; en tisane : 25 à 30 g pour 1 l d’eau que l’on prend à la dose journalière de 3 tasses jusqu’à guérison125.
20 g de stigmates pour 1 l d’eau que l’on mène à ébullition pendant 5 minutes puis qu’on laisse infuser 10 minutes. Boire de 3 à 5 tasses par jour. Cette préparation augmente de 4 fois le volume des urines.
En poudre de plante sèche : 1 g par jour. Et selon plantes thérapeutiques de Wichtl et Anton : porter à ébullition de l’eau froide contenant 0,5 g (1 c. à c. = environ 0,5 g) de styles de maïs et filtrer après quelques minutes. Boire 1 tasse de tisane plusieurs fois par jour.
En sirop : faire bouillir dans 2 l d’eau jusqu’à réduction de moitié, 2 ou 3 poignées de grains de maïs concassé ; remuer le temps de la cuisson ; on laisse refroidir le mélange avant d’en exprimer le jus. On rajoute 750 g de sucre à ce jus que l’on fait épaissir à feu doux dans une casserole en cuivre jusqu’à consistance d’un sirop. Le sirop de maïs traite la toux, le catarrhe et l’enrouement.
Le maïs était consommé largement autrefois sous forme de bouillies (dénommées polenta en Savoie, « gaudes » dans la Bresse, milhàs (ou millas) en Languedoc, cruchade en Gascogne, millasse en Charente, la millasse charentaise (flan traditionnel à base de farine de maïs qui a été très populaire et certainement la substitution du même flan préparé avec du millet), constituant une alimentation bon marché pour les couches paysannes. Ces bouillies très nourrissantes restent acides et assez difficiles à digérer.
La farine est très émolliente et délayée dans de l’eau bouillante, peut être appliquée en cataplasmes sur les érysipèles, les brûlures, les dartres vives, les excoriations et diminuer ainsi l’inflammation et les douleurs127.
Le maïs torréfié et réduit en poudre est un succédané du café aux propriétés laxatives qui convient bien aussi aux hémorroïdaires : 2 à 3 tasses tous les matins à jeun avec un peu de lait ou de sucre pendant 4 jours.
En médecine classique, c’est un diurétique, il fait baisser la glycémie et est traditionnellement employé comme adjuvant dans les cures d’amaigrissement.
En cas de cystite, de calculs ou d’inflammations urinaires : faire une infusion composée de 30 g de barbes (stigmates) et 100 g de racines de maïs, dans 1 l d’eau que l’on va réduire de moitié. Boire une fois par jour. L’inflammation va diminuer et les calculs évacués.
Ou en tisane : 25 à 30 g de barbes de maïs pour 1 l d’eau bouillante en infusion ; prendre 3 tasses par jour. Ils sont inscrits dans la pharmacopée française.
En homéopathie diathésique, c’est un remède du groupe du Sodium selon P.Kollitsch, indiqué pour le psoriasis ou l’eczéma.
En MTC, de saveur douce et neutre, le maïs augmente le Qi de Rate, traite les méridiens du Gros Intestin et de l’Estomac. Le grain tonifie les poumons, calme le cœur et rééquilibre l’estomac.
Le maïs est un aliment qui, grâce à ses éléments nourrissants, est bénéfique pour les convalescents.
Les Aztèques traitaient la dysenterie par une décoction de ses grains, par ailleurs réputée augmenter la lactation et les Mayas comme les Incas préparaient des cataplasmes de maïs cuit pour soulager les contusions et les brûlures.
Le maïs peut être déconseillé en cas d’allergie, de maladie de Crohn et de polyarthrite évolutive.
En médecine populaire, il est utilisé contre le rhumatisme et l’arthrite.
Texte extrait du livret "La céréale une panacée universelle", page 61,auteur Michel Dubray, édition juin 2023.
La céréale une panacée universelle?
Après avoir étudié les principales céréales dans différentes civilisations au cours des siècles, il semble bien que la céréale soit une panacée universelle qui nous conduit à un meilleur équilibre alimentaire et une meilleure santé.