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Les plantes magiques: drogues ou remèdes?

  • Photo du rédacteur: Michel Dubray
    Michel Dubray
  • 20 févr.
  • 4 min de lecture

Sur le demi-million d’espèces végétales qui peuplent notre planète, seulement 1 000 selon nos connaissances actuelles sont inébriantes.

Des plantes magiques

Les lianes d’Amérique du sud, Mexique etc. ont comme propriétés d’être puissamment hallucinogènes et sont vénérées comme des dons des dieux par les cultures tribales. On y fait appel dans un but religieux, thérapeutique mais aussi magique.

Ces plantes représentent des médiateurs entre l’homme et tout ce qui est du surnaturel, autrement dit la liane est bien un moyen de communication privilégié qui sert de « lien », de « messager », même s’il y a beaucoup d’autres plantes et champignons qui ont ce rôle. ce sont des plantes "magiques".

L’ayahuasca est la « liane de l’âme » qui permet de se sortir de son corps tout en gardant un cordon ombilical éthérique et ainsi aller et venir dans d’autres mondes, de communiquer avec des entités ou esprits d’autres règnes et d’autres plans afin de trouver des réponses à ses questions du moment. Le chaman et le guérisseur sont les gardiens de ces expériences.

Petit tour du monde des plantes magiques
  • Amérique du Nord et Mexique

On pourrait dire que le continent américain est une culture d’hallucinogènes puissants avec le peyolt pour le sud de l’Amérique du Nord et le Mexique et l’ayahuasca et la stramoine sanguine pour l’Amérique du Sud. Le nord de l’Amérique du Nord, étant assez pauvre en plantesgliss psychotropes. Y sera utilisé le datura, toujours une solanée ! et le haricot à mescal (Calia secundiflora) pour, toujours dans un cadre cérémonial, des objectifs de visions.

  • Canada

Au Nord du Canada, on utilisera la racine de l’acore odorant (Acorus calamus).

  • Europe

En Europe, c’est différent, on a recours aux psychotropes avant tout pour échapper aux réalités et difficultés de la vie. Autant c’est une aide, une guidance pour les peuples indigènes d’Amérique, autant c’est un refuge, une échappatoire pour l’Occidental (je parle de façon générale - chaque cas est bien sûr différent). Et curieusement, en fonction du relief, des situations géographiques et surtout climatériques, il y aura les plantes adaptées aux autochtones. Il n’y a pas de grand danger à manipuler la vigne et le houblon, si ce n’est par l’abus qu’on peut en faire et effectivement, c’est le risque de ces lianes « douces » de nous glisser dans une accoutumance qui aura une répercussion certaine sur le physique comme sur l’esprit. Nous buvons du vin ou de la bière avec gaieté car ces boissons désinhibent fortement, agissent comme des relaxants et calmants. Elles permettent la convivialité, la détente, et participent aux occasions de fête… À l’excès, les effets s’inversent et une dépendance se crée, des tensions, de la nervosité voire de la paranoïa, le vin accentuant l’égoïsme, les bons comme les mauvais aspects de notre personnalité, le houblon l’anxiété et la libido. Le vin comme la bière et maintenant le cannabis ne servent plus à guider, ou même à soigner, mais à s’échapper du quotidien, à apporter des risques de dépendance et toute une cohorte de pathologies qui en découlent.

Donc, pour nous européens, ce n’est pas un hasard si nous avons des lianes qui sont moyennement psychotropes mais bien thérapeutiques sur nos états d’âme.

Au XVIIIe siècle, le mental manichéen et scientifique qui domine en Europe n’a pas trouvé d’intérêt, ni d’utilité aux rites et coutumes religieux ou magiques des peuples indigènes d’Amérique et d’ailleurs. Si nous avions accepté l’impact possible, positif comme négatif, de ceux-ci sur notre psychologie, peut-être n’aurions-nous pas compensé par la prise de neuroleptiques dont l’Europe s’est faite le plus grand consommateur ?

Les lianes utilisées en Asie ou en Inde telles que le jasmin, le bétel présentent encore de petites nuances par rapport aux utilisations locales, elles sont anti-inflammatoires et légèrement euphorisantes, soporifiques et sont délaissées dès qu’il s’agit d’obtenir une action psychotrope plus conséquente. Les autochtones seront ainsi plus attirés par des opiacées et du Cannabis ; mais aussi par des solanées, telles la stramoine et le datura. Les lianes ne seront pas prioritaires pour des activités hallucinogènes.

L’Europe, en matière de plantes hallucinogènes, fera appel à une famille très spécifique : les solanées et plus particulièrement la belladone qui servira à la divination et à la sorcellerie au Moyen-Âge.

  • L'Europe de l'est

Les pays slaves, russes utiliseront les champignons tels que (Amanita muscaria) l’amanite tue-mouches aux effets enivrants, puis psychédéliques, plante majeure des tribus sibériennes.

  • L'Inde et l'Asie

L’Inde et l’Asie pencheront pour le cannabis, la datura, l’opium tiré du pavot.

  • L'Afrique

L’Afrique, curieusement, fait figure de parent pauvre en matière d’utilisation des plantes hallucinogènes, la plus emblématique étant l’iboga (Tabernanthe iboga ), une apocynacée et secondairement des espèces comme le datura et la jusquiame, de nouveau deux solanées recherchées pour l’ivresse.

  • L'Australie

Enfin notons que l’Australie est dotée du pituri (Duboisia myoporoides ), une solanée et du kawa-kawa (Piper methysticum) de la même famille que le poivre, une pipéracée, un narcotique hypnotique. Les Aborigènes disparaissant certainement avec leurs pharmacopées qui, je pense, devaient être plus conséquentes. À continent neuf, faible diversité phytothérapeutique ?

Des plantes qui poussent partout!

Ce qui est surprenant et incroyable, c’est que toutes ces plantes citées dans ce chapitre ayant leur place dans les cultures des peuples, croissent ou peuvent pousser pratiquement partout dans les deux hémisphères ! Qu’est-ce qui favorise tel hallucinogène plutôt qu’un autre dans les grandes cultures religieuses ou anciennes ? La réponse est certainement historique, anthropologique et phytosociologique. L’attirance à choisir les plantes les plus adaptées, faciles à obtenir en fonction du climat, du sol, de l’hygrométrie et de l’emploi ancestral, parfois millénaire dans les traditions les plus reculées en sont probablement les raisons. Enfin remarquons que les plantes hallucinogènes vont aimer la chaleur et parfois la combinaison chaleur-humidité. Ce qui démontre un effet spécifique de symptômes de chaleur sur l’organisme que l’homéopathie et la médecine traditionnelle chinoise connaissent bien. Selon les doses ce sont des plantes à la limite toxiques, capables de modifier les perceptions visuelle, auditive, olfactive, gustative et tactile comme de provoquer des psychoses artificielles.


Michel Dubray

Les drogues du point de vue phytosociologique 2ème partie


Pour en savoir plus sur ces étranges plantes:

Les fascinantes propriétés des plantes grimpantes.
Comment les lianes communiquent avec les différents corps subtils de l'homme


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