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Photo du rédacteurMichel Dubray

Secrets et recettes du vinaigre des 4 voleurs


Je trouve sur Internet énormément d’avis mitigés, voire suspicieux, concernant le vinaigre des 4 voleurs, qui pourtant, avec la dernière épidémie, est ressorti de sous le boisseau. Il est qualifié de produit inefficace, inutile, obsolète avec de nombreuses mises en garde sur son utilisation. Surtout ne pas compter dessus, voire s’en méfier ! Cette formule, dont il est difficile de trouver l’original , a quand même fait partie de la pharmacopée pendant 2 siècles !


Flacon vinaigre 4 voleurs
Vinaigre des 4 voleurs

Évidemment nous en savons plus aujourd’hui qu’au XVIIème siècle. Depuis on connaît le moyen de propagation d’une épidémie comme la peste, dont Yersin a découvert le microbe le 20 juin 1894 exactement. Pas si ancien que cela ! Il est facile ensuite de traiter ce qui précède de naïf, inconscient, voire farfelu. Je pense qu’il faut remettre dans les contextes concernés et non comparer une époque avec une autre.

Beaucoup sourient et en profitent pour décrire en parallèle des recettes de l’époque, souvent à base d’animaux peu ragoûtants, tels le crapaud, et d’excréments tous plus écœurants, absurdes, farfelus les uns que les autres afin de mettre le vinaigre des 4 voleurs sur le même banc. Réaction purement culturelle et sociologique, due aux effets de l’hygiène qui a glissé parfois vers une asepsie toute aussi exagérée. C’est vrai qu’utiliser des excréments d’animaux dans des topiques afin d’en enduire le malade provoque un soulèvement de cœur bien compréhensible et la réaction physique, logique, occulte la raison et la question de l’origine de ces façons d’agir ?

Pour comparer, je me transporte en 1630 et un médecin alchimiste dit, qu’un jour, on consommera des bactéries d'un intestin (des probiotiques). Plus spectaculaire encore : on fera absorber au malade des préparations fécales (il s'agit de laver l'intestin d'une personne malade avant de lui administrer les selles d'un donneur sain, par une sonde naso-gastrique ou une coloscopie "transplantation de microbiote fécal" (TMF)). Dégoûtant ? Peut-être, mais redoutablement efficace. Evidemment je m’empresserais de rapporter les dires au curé et à l’exorciste du coin afin de faire interner ce fou illuminé !

Entre parenthèses, le recours aux selles date du IVème siècle où le médecin chinois fait un bouillon, à base de selles séchées ou fermentées. Cette comparaison est indiquée pour confirmer qu’il faut se détacher des idées sociales, idéologiques d’une époque si l’on veut comprendre le sens et les manières d’agir, je parle ici surtout en matière de médecine, bien sûr. Ce que l’on sait aujourd’hui sera peut-être complètement désuet dans quelques décennies, allons savoir. Donc un petit peu d’humilité ne fait pas de mal et surtout peut nous rendre plus compréhensifs et plus justes. Ensuite, rien n’empêche de vérifier les faits, le temps permettant de juger les actes et leurs conséquences.

Ceux qui me connaissent savent le respect et l’estime que j’ai envers les anciens philosophes médecins et botanistes, de Démocrite à Hippocrate, Aristote, Pline l’Ancien jusqu’à Paracelse, Chomel, Cazin, et Hahnemann qui ont contribué au progrès médical, à l’avancée des façons de traiter la maladie, au-delà de débordements excessifs dus à l’emprise de liens magiques ou religieux voire intellectuels.

Bref, ce qui m’intéresse ici, c’est le contexte : est-ce qu’on imagine des personnes se promenant en toute impunité sans avoir peur de la peste, cette « bête » invisible alors que sont en train de mourir 1000 personnes par jour autour de soi ? pas sûr ?

D’autant que l’opération des 4 brigands se répète 1 siècle plus tard ! avec les mêmes résultats. L’histoire ne nous dit pas si ces voleurs ont attrapé la peste ?

Ensuite, il faut un certain courage ou une bonne dose d’inconscience pour rentrer ainsi dans les lieux contaminés et détrousser, voire torturer les moribonds. Avaient-ils pleine confiance en leur protection qui nous paraît aujourd’hui obsolète ? difficile de répondre.

D’abord on peut penser qu’ils n’avaient pas peur, une condition favorable à la baisse d’énergie.

Ensuite nous allons voir que la recette n’est pas dénuée d’intérêt, bien au contraire. Car les plantes utilisées sont en majorité des aromates, des amers et, ce qui est incroyable, de puissants antiseptiques. Le support qu’est le vinaigre à un intérêt particulier que nous allons voir.


Petit historique du vinaigre des 4 voleurs


Lors des grandes pestes de Toulouse, de 1628 à 1631, quatre pilleurs, détrousseurs de cadavres sont arrêtés en flagrant délit. Lors du procès, les juges sont subjugués par leur mépris de la contagion. Les Archives du Parlement de Toulouse indiquent que : "Quatre voleurs, lors de l'épidémie, allaient chez les pestiférés, les étranglaient dans leur lit et leur prenaient tous leurs biens précieux. Ils furent condamnés à être pendus mais en évitant la torture parce qu'ils avaient révélé leur formule". A l’époque, la torture consistait à attacher par un membre le condamné avec une corde et, à l’aide d’une poulie, le hisser assez haut au niveau d’une poutre d’un faîtage ! Et de laisser retomber net le pauvre toujours accroché par la corde jusqu’à quelques centimètres du sol ! désarticulation assurée je pense. Évidemment tout cela à la vue du public ! En quelque sorte une version ancienne du saut à l’élastique mais plus souple !! (note d’humour). Supplice garanti et on comprend aisément l’acceptation d’éviter ces souffrances. Ils s’enduisaient, se frictionnaient le corps, les mains et le visage avec ce vinaigre aromatique pour détrousser en toute immunité leurs infortunés contemporains moribonds.

La formule aurait été révélée, au XVIIe siècle. Le vinaigre antiseptique, ainsi nommé, fut inscrit au codex en 1748 et y restera jusqu'en 1884.

La recette se perpétua jusqu’aux terribles épidémies du XVIIIe siècle. En mai 1720, le vinaigre des quatre voleurs refit son apparition lorsque la grande peste frappa Marseille. De nouveau, les malfaiteurs dépouillaient les pestiférés en utilisant le même procédé. On comptait alors jusqu’à 1 000 morts par jour avant même que la peste bubonique soit enfin officiellement reconnue !

Le blocus de la ville phocéenne ne fut décrété qu’en septembre : le fléau s’était évidemment répandu aux alentours et il fallut deux années supplémentaires pour l’éradiquer de la Provence au Languedoc.

Si l’histoire n’a pas retenu leurs noms, le remède fut appelé «vinaigre des quatre voleurs». Les malfrats l’avaient tiré de l’Acetum bezoardicum, une recette inventée au XVIe siècle par des franciscains : à cette époque, le vin et le vinaigre servaient de support aux préparations médicinales.

L’origine de ce fameux vinai­gre fait l’objet d’une controverse. Cer­tains la situent à Toulouse lors de la grande peste qui eut lieu entre 1628 et 1631, d’autres à Mar­seille en 1720. Comme pour l’élixir du suédois, les apothicaires y allaient bon train à changer légèrement la formule pour s’en approprier la pérennité. Les égyptiens, les grecs, les arabes, en raison de leurs grandes connaissances en phytothérapie, connaissaient la recette et les 4 voleurs n’ont fait que la reproduire.


Pour tous ceux que cela intéressent vous trouverez dans le document ci-dessous les recettes de ce vinaigre et l'analyse de leurs formules.




Toutes les informations que nous communiquons sont mises à votre disposition en faisant confiance à votre discernement personnel.

Michel Dubray

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